La reconnaissance serait-elle qu’une émotion ?

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Les actes populaires de reconnaissance envers le personnel qui œuvre pendant que nous sommes (censés être) confinés chez nous se multiplient, tant sur les réseaux sociaux que sur nos balcons. Seulement, s’il serait malhonnête envers les personnes sincèrement reconnaissantes de dire que cette reconnaissance n’est qu’une simple émotion, il semblerait que cela puisse être le cas pour la majorité des reconnaissants que nous trouvons sur nos très chers réseaux sociaux. Selon moi, les critiques négatives, notamment envers le personnel des urgences, risquent bien de fuser à nouveau une fois cette crise sanitaire derrière nous.

Quand on y pense, il était de même après les derniers attentats de Paris, ville dans laquelle le peuple acclamait les policiers en patrouille une fois les assaillants courageusement neutralisés. Cette reconnaissance était-elle sincère, ou s’agissait-il simplement d’une euphorie généralisée ? Toujours est-il que cette démonstration de reconnaissance n’aura hélas pas duré longtemps. Elle aura même fini par redonner place aux critiques habituelles telles que : « la police n’est là que pour se faire du fric … ». L’inverse, donc !

S’il se peut que je me trompe – ce que j’appelle par ailleurs de mes voeux -, la plupart des gens ne sont reconnaissants que lorsqu’ils se sentent directement concernés par quelque chose – que ce soit de près ou de loin. Et cette reconnaissance est proportionnelle à l’impact qu’a eu l’élément perturbateur sur nous ainsi que sur nos proches. Dans la crise sanitaire actuelle, le fait que nous soyons confinés nous rend à quelque part tous directement victimes de ce Covid-19. D’ailleurs, certains craquent et bravent les recommandations du Conseil fédéral alors que nous, Suisses, sommes habituellement un peuple sensé. Ce confinement pourrait toutefois être l’élément différenciateur de notre reconnaissance envers les gens qui œuvrent pour maintenir les meilleures conditions sanitaires possibles pour notre pays, par rapport à la situation parisienne précitée. En plus du confinement, on craint peut-être aussi à court et à moyen terme pour notre propre vie ou celles des personnes qui nous sont les plus chères. Car je crois que l’on peut malheureusement dire que chacun d’entre nous connaît au moins une personne décédée du Covid-19, sinon une famille endeuillée à cause de ce virus.

S’il s’agissait ici de ma vision quant à la reconnaissance purement « sanitaire » de cette crise, la solidarité semble également être de mise dans l’économie locale, que l’on pourrait qualifier de « commerce humain ». Un bouleversement majeur semble surtout s’opérer dans notre mode d’alimentation. Des gens qui se fournissent habituellement auprès des supermarchés semblent (re)découvrir la vente directe. Si cela est plutôt réjouissant, je me demande si ces petites entreprises, ou exploitations familiales, continueront à être autant soutenues après la crise. C’est là encore une question très délicate et non des moindres puisque de cette réponse dépendra la survie de bon nombre de ces indépendants et petites entreprises, déjà fortement impactés par cette situation à nulle autre pareille.

En d’autres termes, les bouleversements de nos comportements d’achat ainsi que de notre considération envers les services publics, tout comme la solidarité entre citoyens, semblent être les seules choses positives découlantes de cette crise sanitaire sans précédent pour bon nombre d’entre nous. J’espère sincèrement que nous, braves citoyens, puissions en tirer de bonnes résolutions sur le long terme. Car oui, cette crise nous aura clairement démontré que d’être tolérants et solidaires nous fait tous avancer à grands pas vers un monde meilleur. Mais surtout, j’espère que l’avenir donnera tort à mes doutes. A chacun d’entre nous de donner une réponse à cette question : la reconnaissance serait-elle qu’une émotion ?

A propos de l'auteur

Ryme

Par le biais de ce blog, je souhaite principalement soutenir l'économie locale romande, en mettant en avant le travail de nos entrepreneurs, artisans et producteurs romands, principalement valdo-fribourgeois. Tenant plus que tout à ma liberté rédactionnelle, je n'accepte pas les publi-reportages ; tous mes articles sont donc rédigés sur la seule base de ma propre opinion.

Des billets d'humeur seront aussi régulièrement partagés sur ce blog.

Ryme - Ryan Medina

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